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Les événements du 7 octobre ont marqué un tournant pour les Israéliens, déclenchant un traumatisme collectif qui a réveillé une pulsion profondément ancrée, celle de "tuer ou être tué". En examinant les réflexions des individus et de la société israélienne dans son ensemble, il apparaît clairement que l'autoréflexion est essentielle pour s'attaquer aux causes et aux conséquences sous-jacentes de cette mentalité.

Blâmer les extrémistes : Le nuage de La Haye

Benjamin Netanyahu
Benjamin Netanyahu

À la suite de ce traumatisme, nombreux sont ceux qui ont cherché à faire porter le chapeau à ce qu'ils perçoivent comme des "extrémistes". Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses alliés, dont l'avocat du transfert Bezalel Smotrich, ont été critiqués pour leur rhétorique. Étonnamment, même des personnalités populaires comme les chanteurs Eyal Golan et Kobi Peretz ont été inculpées par la Cour internationale de justice de La Haye. La déclaration de Moshe Saad, membre du Likoud, sur l'anéantissement des habitants de Gaza, a encore alimenté ce jeu de blâme. Toutefois, les propos de M. Saad, bien que choquants, ne sont pas totalement dénués de fondement. Le sentiment de destruction s'est répandu dans divers cercles, même parmi ceux qui étaient auparavant considérés comme étant de gauche.

Le climat social : Un traumatisme collectif

L'énormité du traumatisme collectif a donné naissance à des émotions sombres telles que la vengeance, qui étaient autrefois considérées comme indécentes dans la société israélienne dominante. L'acte d'accusation déposé à La Haye peut contenir des exemples et des allégations apparemment marginaux, mais ils témoignent du climat social qui règne aujourd'hui en Israël. L'auteur, Noah Landau, fait part de son expérience personnelle lorsqu'il a été confronté à des déclarations similaires dans des contextes inattendus. Le traumatisme du 7 octobre a intensifié les émotions déjà profondes qui accompagnent l'accouchement, en y ajoutant l'anxiété existentielle.

Noah Landau - Tuer ou être tué

"Un jour ensoleillé, je poussais une poussette vers un refuge public. Une maman a chuchoté : Nos "cousins" (euphémisme hébreu pour désigner les citoyens arabes d'Israël) travaillent ici. Ne les laissez pas entrer. J'ai répondu : "Si une roquette tombe sur nous, ils mourront aussi." Et elle, exprimant l'essence même de sa pensée, m'a dit : "C'est vrai, mais je n'ai pas l'intention de les laisser entrer : "C'est vrai, mais j'ai peur."

Sa peur l'emporte sur leur droit à la vie. Que peut-on faire avec de telles émotions ?

Noa Landau

Haarez

La dualité des émotions : Sympathie et horreur

En réfléchissant aux montagnes russes émotionnelles vécues pendant le traumatisme, l'auteur met en évidence une dichotomie cruciale : les sentiments simultanés de sympathie envers les bébés israéliens enlevés par le Hamas et d'horreur face au sort des enfants de Gaza. Cependant, il est de plus en plus difficile de partager ces émotions complexes. Lors d'un atelier destiné aux mères de nouveau-nés, l'auteur se retrouve entourée de mères qui roucoulent et qui expriment une indifférence totale à l'égard des habitants de Gaza. Même une infirmière d'un centre médical pour enfants suggère de bombarder toute la bande de Gaza au cours d'une conversation informelle. Il devient évident que sympathiser avec les civils de l'autre côté est désormais considéré comme une trahison envers la patrie.

Le traumatisme du 7 octobre a légitimé des émotions et des déclarations auparavant taboues dans le discours public. La vengeance, l'endiguement et l'envie de "tuer ou d'être tué" sont désormais acceptés. Caroline Landsmann, chroniqueuse, note que la lutte contre l'incitation à commettre des crimes de guerre nécessite de confronter les millions d'Israéliens qui nourrissent ces sentiments. Bien que le procureur général ne doive pas se soustraire à ses responsabilités, il ne sera pas facile de s'attaquer à cet état d'esprit profondément ancré.

La peur joue un rôle important dans la perpétuation de la mentalité "tuer ou être tué". L'auteur raconte une rencontre avec un parent qui, par peur, hésite à laisser entrer des citoyens arabes d'Israël dans un abri public. Lorsqu'on lui rappelle qu'une roquette mettrait tout le monde en danger, y compris les "cousins" qui y travaillent, la peur du parent l'emporte sur sa reconnaissance du droit à la vie. De telles émotions posent un défi important à la promotion de l'empathie et de la compréhension.

Rabbi Sharon BrousCrédit : Avec l'aimable autorisation de Penguin Random House
Rabbi Sharon Brous Crédit : Courtesy of Penguin Random House

"Chacun d'entre nous, à sa manière, doit trouver le moment où il est prêt à sortir de sa shiva et à voir qu'il y a un monde de souffrance humaine qui se déroule juste de l'autre côté de la frontière. Il s'agit également de la société dans laquelle nous voulons vivre. "Je pense qu'à un moment donné, c'est notre propre humanité qui est en jeu. Nous, les Juifs, qui attendons du monde qu'il voie notre douleur, avons la responsabilité particulière de voir et de comprendre la souffrance humaine des Palestiniens.


Rabbi Sharon Brous - Auteur du nouveau livre "The Amen Effect : Ancient Wisdom to Mend Our Broken Hearts and World" (L'effet Amen : une sagesse ancienne pour réparer nos cœurs et notre monde brisés)

Introspection : Face au miroir

Après le traumatisme, il est essentiel de s'engager dans une réflexion sur soi en tant qu'individu et en tant que société. Il est facile de pointer du doigt et de condamner des personnes comme Moshe Saad, mais le véritable défi consiste à reconnaître l'existence d'un petit Saad en nous. Cela exige de dénoncer activement et d'exclure ces sombres impulsions du discours public. En outre, il faut insister sur la nécessité d'exprimer de la sympathie pour les civils de l'autre camp, même face à l'opposition. Ce faisant, nous pouvons éviter de devenir l'incarnation même de ce que nous condamnons.

Le traumatisme du 7 octobre a laissé un impact durable sur la société israélienne, engendrant une mentalité de "tuer ou être tué" qui remet en cause les valeurs d'empathie et de compassion. Blâmer les extrémistes et les forces extérieures peut apporter un soulagement temporaire, mais la véritable guérison passe par l'introspection et l'autoréflexion. En affrontant les émotions sombres en nous-mêmes et dans la société, nous pouvons travailler à un avenir plus compatissant et plus compréhensif. Ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons nous libérer des chaînes de la peur et de la vengeance, et assurer à tous des lendemains plus radieux et plus harmonieux.



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